Retour à la liste

Revue de l'énergie (La) - N° 614, juillet-août 2013


ISBN : 9782710810285
broché      19 x 26 cm      80 pages
Date de publication : Octobre 2013
Revues : Revue de l'énergie (La)



Chers lecteurs,

C’est le feuilleton de l’été 2013 : un feuilleton dramatique puisqu’il concerne la santé de centaines de milliers, et peut-être de millions, de japonais. Il ne s’est en effet pas passé une semaine sans que soit annoncée une dégradation de la sécurité dans la centrale naufragée de Fukushima.

De l’avis même du gouvernement, cette centrale a connu, en 2013, sa plus grave crise depuis la catastrophe de 2011. Des dizaines de milliers de tonnes d’eau hautement radioactive ont été déversées à la suite de fuites importantes dans les bassins où stagnait l’eau de refroidissement des réacteurs détruits lors du tsunami.

Il aura donc fallu plus de deux ans pour que Tokyo décide de reprendre la main sur le dossier de la centrale, réalisant enfin que l’ensemble de l’opération a complètement échappé à l’opérateur Tepco et ce, depuis le début de l’affaire. Ni les dirigeants de cette entreprise et les différents ministres, ni les régulateurs japonais de l’industrie nucléaire n’avaient réalisé en deux ans la gravité de la tragédie qui se déroulait dans le nord du pays.

Certes, le gouvernement avait décidé de nationaliser partiellement l’opérateur Tepco en lui fournissant, en juillet 2012, près de 8 milliards d’euros pour l’aider à surmonter les problèmes industriels et financiers nés suite au tsunami.

Certes, les dirigeants de Tepco en poste à l’époque ont été remplacés, mais l’actuel président du Conseil d’administration a présenté en priorité ses excuses à ses actionnaires pour le non versement de leurs dividendes pour la deuxième année consécutive.

Toutefois, l’autorité de sûreté nucléaire japonaise, tout en réalisant l’urgence de la situation, maintient sa réticence à faire appel aux services de sociétés étrangères spécialisées dans le traitement en urgence des accidents nucléaires. Ceci vraisemblablement pour des motifs d’orgueil national. Il est vrai que les critiques internationales pleuvent sur le nucléaire japonais. Dernier en date à se prononcer de façon brutale sur le sujet : Dale Klein, ancien directeur de l’Autorité de régulation du nucléaire américain, qui a parlé de « plus d’incompétence que de dissimulation » (Les Echos du 3 septembre 2013) à propos des efforts désespérés de Tepco pour enrayer les conséquences de l’énorme catastrophe industrielle. Dans ce domaine, la palme revient sans nul doute au président de l’Autorité de sureté nucléaire, M. Tanaka, qui ne nie pas « que l’eau contaminée fuit, mais il n’est pas nécessaire de s’inquiéter outre mesure ».

Qu’il en soit conscient ou non, en laissant faire pendant deux ans, le gouvernement japonais a rendu un bien mauvais service à l’industrie nucléaire mondiale, désormais discréditée, voire vilipendée, par suite de la négligence d’un opérateur incompétent et sans contrôles sérieux, dans un pays pourtant hautement industrialisé. Le résultat est connu : un freinage mondial des programmes nucléaires tant aux Etats-Unis qu’en Chine, sans parler de l’Europe et de l’arrêt total du nucléaire allemand programmé pour 2022.

Bonne lecture.

Paul-François Trioux
Directeur de la Publication


Table des matières :


Etudes
. Le secteur bioénergie français. Technologies et ressources pour répondre à la demande en 2050, Paul Hugues, Julien Rousseau, Edi Assoumou
. La politique énergétique allemande, modèle ou contre-exemple ?, Michel Cruciani
. Coût(s) et prix de(s) l’énergie(s), Jacques Maire

Interview
. « Le droit doit accompagner l’évolution de l’énergie », Christine le Bihan-Graf

Publication
. Parution du Code de l’énergie (Lexis-Nexis, 2013), Catherine Roche

Rapport
. La Cour des comptes s’alarme du coût élevé des énergies vertes

Congrès du gaz 2013
. L’industrie gazière interpelle l’Union européenne

Profil énergétique
. Portugal

Transition énergétique